Livre 5 : Au fil du temps. Partie 2.

Salutations, Ombre Fugitive !

Reprenons donc là où l'Histoire s'était arrêtée.

III Les Rois Mages (357->521)

Faute de monstre, les sultars se tournèrent encore une fois vers la Catésie pour leur donner les armes dont ils avaient besoin pour affronter leurs adversaires. Le centre du Jeu se déplaça donc vers la petite île d'Éthéryne, tout au nord du continent. Coupée du reste d'Altaïs, elle offrait un terrain parfait pour se livrer à diverses expériences magiques au départ contrôlées : virus artificiel, malédictions de masse, transformation des sols, détournement des rivières,... Encore une fois, les Sultars allèrent bien plus loin que ce que le continent pouvait endurer. Pour se laver les mains de la responsabilité de toutes ces catastrophes, les Sultars créèrent toutes sortes de sectes, vaguement religieuses, prêchant et dispersant leurs armes partout chez leurs ennemis.

Après nombre de catastrophes, parfois évitées de justesse, comme l'épidémie de 396, ou subies, comme l'inondation de Tralles en 478, les deux plus grandes provinces de l'époque s'affrontèrent pour la paix de l'Empire. D'un côté, il y avait l'Éthéryne, bien sûr, de l'autre, la Camarine, dirigée alors par un jeune sultar prometteur issu d'une vieille famille, Déadre Koénator. Celui-ci usa de son charisme et de tous ses talents de diplomate pour réaliser l’impossible : unir les trois plus grandes provinces du Cœur de l'empire, le Cyllène, l'Alastée et la Camarine, contre l'Éthéryne. Après vingt années de complots et de manœuvres obscures, il parvint à remporter le Jeu pour proclamer lors de l'Altarion de 521 la création de l'assemblée Céleste devant contrôler toutes les activités magiques et religieuses.

IV L'âge d'or. (521->796)

Dotée de toutes ses institutions, Altaïs n'avait enfin plus qu'à prospérer. Les Forestiers, luttant contre les monstres avec le soutien des sultars, libérèrent des terres où paysans et asservis purent s'installer. Les cités, libérées des malédictions et autres maux de l'époque précédente, purent s'accroitre en toute quiétude. Mais plus que tout, c'est à cette époque que le Nyctérion s'enterra, qu'il devint le Jeu obscur et insaisissable qu'il est aujourd'hui. Plutôt qu'une grande guerre par monstres ou sectes interposées, il se mua en une échauffourée clandestine, silencieuse et mortelle.

La paix donna naissance aux plus grandes œuvres de la civilisation altarie. Asulon s'étendit jusqu'à atteindre les treize cercles d'aujourd'hui, une partie d'entre eux étant posée sur la mer elle-même. Les reliques, saintes, comme sacrées, s'accumulèrent au point de devoir être entreposée dans leur propre sanctuaire, et chaque cité de l'Empire se couvrit de monuments extraordinaires. Cette époque profita cependant principalement à la région du Cœur de l'Empire, ainsi qu'au Nord. Les marches de l'est de l'Empire ne connurent qu'une expansion très limitée de leur côté.

V Le déclin. (796->970...)

La plupart des historiens altaris s'accordent à penser qu'Altaïs commença à péricliter du fait de deux maux : d'un côté, la rançon de la prospérité donna naissance à une élite, les sénateurs, que le système des Sultars ne satisfaisait pas, de l'autre, le peuple habitant les îles avant les Frekrs, les Capyriens, peu remuant, se retrouva peu à peu remplacé par ces nouveaux barbares, nettement plus combattifs. L'un de ces maux est en réalité nettement plus important que l'autre.

L'essentiel du neuvième siècle vit en effet un déplacement progressif du pouvoir dans l'Empire se réaliser d'ouest en est. Ce fut d'abord le Kheren, cette région tampon entre le Cœur de l'Empire et le Tinaï, qui en bénéficia. Et cette soudaine élévation de la province était liée au cadeau empoisonné que le nouveau voisinage de l'Empire était devenu. Farouchement indépendants, les anciens Capyriens refusaient depuis des siècles le moindre échange avec les Altaris. Heureux de vaquer à leurs propres affaires, les Altaris s'étaient donc contentés de les ignorer à la faveur de la barrière naturelle de récifs et de courants qui les séparait. Les Frekrs, qui les remplacèrent très progressivement à cette époque-là, se montrèrent plus agressifs, mais aussi plus prompts à accepter un bon échange si possible. Les Altaris redécouvrirent ainsi la valeur de certains matériaux très utiles pour la Catésie, comme l'ambre. Le Kheren fut, dans un premier temps, en pointe de cet échange, avant de céder sa place, le siècle suivant, au Tinaï. Ces deux provinces apportèrent une certaine prospérité à l'Empire, mais aussi de nouvelles traditions politiques en élevant plus haut encore les Sultars par-dessus le reste des Pensants. Cela contribua à créer le deuxième maux de l'Empire et à déclencher la Guerre des Jumeaux.

L'apogée de ce déclin a pu sembler, d'abord, avoir été atteint lors de la Guerre des Jumeaux (ou Guerre Noire) de 907 à 929. Mais la malédiction des marques et le départ vers le Nouvel Empire s'ensuivant, comme tu le sais déjà, Ombre Fugitive, il n'en fut rien.

Qu'adviendra-t-il alors de l'Empire ?

Espérons que l'avenir nous donne un jour la réponse...

Jusqu'à notre prochaine rencontre parmi les Ombres,

le Chroniqueur.